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ENVIRONNEMENT
13.06.2022

La Conf' interpelle la préfète de Région sur la gestion de l’eau

18.08.2022 -
La Conf’ Centre a interpelé par courrier la Préfète de région et coordonnatrice du bassin Loire-Bretagne sur la gestion de l’eau. Dans une lettre ouverte elle rappelle ses principales demandes : remise à plat des quotas historiques, priorisation des usages agricoles pour l’accès à l’irrigation, opposition aux bassines, participation des syndicats agricoles à toutes les instances de l’eau… La Conf' Centre est maintenant en attente d’une rencontre avec la Préfète pour échanger en direct avec elle sur ces demandes..

Madame Régine ENGSTRÖM
Blois, le 13/06/2022


Objet : Positionnement de la Confédération paysanne Centre-Val de Loire sur la gestion de l'eau et demande de rencontre

Madame la Préfète de région Centre Val-de-Loire et coordonnatrice du bassin Loire-Bretagne,

Depuis plusieurs années, paysannes et paysans subissent des sécheresses de plus en plus intenses, qui compliquent les cycles de production et mettent en péril une récolte saine en qualité et suffisante en quantité. Les prévisions montrent que ces situations risquent de se répéter et de s'aggraver.

Suite à un premier courrier adressé fin 2020 à votre prédécesseur et resté sans réponse, la Confédération paysanne du Centre-Val de Loire souhaite vous faire part de son positionnement sur cette question délicate et urgente de la gestion de l'eau, et sollicite une rencontre avec vous pour échanger sur ce sujet.

L'eau est un patrimoine commun. La loi du 30 décembre 2006 dite LEMA fixe des priorités dans les usages de l'eau : la santé, la salubrité publique, la sécurité civile et l'alimentation en eau potable sont les usages prioritaires, au même niveau que la conservation des milieux biologiques, puis viennent les activités économiques, dont l'agriculture. La Confédération paysanne estime que l'accès à l'eau pour l'irrigation doit être priorisé pour soutenir la production alimentaire locale, sécuriser les cultures créatrices de valeur ajoutée et d'emploi, ainsi que l'abreuvement du bétail, en ramenant les prélèvements à un
niveau compatible avec les écosystèmes. Les monocultures en particulier sont gourmandes en eau et donc fortement prédatrices sur cette ressource, en quantité comme en qualité (pesticides, engrais).

L'accès à l'eau pour irriguer est mal réparti. Certaines productions agricoles à forte valeur ajoutée comme le maraîchage, les semences, la production de plants... nécessitent des irrigations ponctuelles qui sont agronomiquement et économiquement vitales pour les fermes concernées. Le cas des maraîchers et des maraîchères est révélateur. Alors que ces productions nécessitent des irrigations peu importantes en volume, certain·es nouveaux·elles installé·es se voient refuser la possibilité de créer des forages, sinon domestiques. Ces interdictions ont pour objectif de préserver la ressource en eau potable, mais ielles se retrouvent dans la situation contradictoire d'utiliser le réseau d'eau potable pour leurs cultures. En parallèle, certain·es exploitant·es pompent des quantités autrement plus importantes d'eau dans les nappes, pour des cultures à faible valeur ajoutée, éventuellement destinées à l'exportation, voire à la méthanisation. Ce sont tou·te·s les paysan·nes d'un bassin qui doivent revoir leurs prélèvements afin de garantir un accès équitable à l'eau. Ainsi, nous demandons à ce que soient remis à plat l'ensemble des quotas historiques attribués et qu'une nouvelle répartition des volumes pour l'irrigation soit décidée de manière démocratique.

La gestion à court terme, qui consiste à constater quelle quantité d'eau reste disponible et quelles restrictions mettre en place pour faire face à la pénurie, est désormais intenable. Toutes les projections montrent que la ressource disponible se raréfie et la gestion actuelle ne fait qu'amplifier les conflits d'usage. En agriculture, il est indispensable d'anticiper en soutenant des pratiques agronomiques (couvert végétal, haies, arbres, baisse de l'usage des intrants, etc.) qui limitent l'érosion, permettent d'allonger la période de séjour de l'eau dans sa phase terrestre et d'augmenter la réserve utile de nos sols. Le stockage de l'eau dans des retenues de substitution (type « bassine ») n'est pas une solution, car tout en occasionnant des déperditions comprises entre 20 et 60% selon les études connues, elles sont défavorables aux écosystèmes, car elles n'offrent aucune porosité avec les milieux, et ne sont pas équitables, car elles concernent un nombre restreint d'agriculteur·rices. L'irrigation est un outil pour l'agriculture, mais l'agriculture doit s'adapter aux ressources mobilisables, et non l'inverse.

Nous souhaitons également vous solliciter sur la question de la représentation et de la diversité des voix à écouter sur la politique de l'eau. Dans leur forme, l'émergence des PTGE doit se faire notamment au regard « des besoins en dialogue entre acteurs afin d‘anticiper les enjeux d'avenir en matière de gestion quantitative de l'eau et de co-construire un projet fédérateur pour y répondre », tel que le précise l'instruction de mai 2019. Cette même instruction laisse une marge de manœuvre importante quant à la composition du comité de pilotage, qui doit « refléter l'ensemble des usagers » et assurer une « représentation équilibrée ».

Au sein du comité de bassin Loire-Bretagne, la profession agricole est aujourd'hui presqu'uniquement représentée par les Chambres d'agriculture. La présence de tous les syndicats agricoles serait seule garante de la représentation de toutes les sensibilités de la profession dans cette instance.

La Confédération paysanne est un syndicat agricole représentatif qui a toute sa place dans ces espaces. Nous représentons une partie de l'agriculture et défendons des paysans et paysannes qui, au jour le jour, développent des pratiques qui économisent et protègent la ressource en eau. Notre place est donc légitime pour échanger avec vous et les autres acteurs dans ces espaces de co-construction autour d'une bonne gestion de la ressource en eau.

Afin de vous exposer de vive voix notre positionnement et d'échanger avec vous, nous sollicitons une rencontre à une date qui vous conviendra. Dans l'attente, nous vous prions d'agréer, Madame, l'assurance de nos respectueuses salutations.

Pour la Confédération paysanne Centre-Val de Loire
Laurent Beaubois, Porte-parole régional

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