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OGM
03.08.2018

Bien choisir ses semences de colza

08.08.2018 -
Lettre ouverte à nos collègues producteurs de colza à propos des variétés OGM Clearfield

Bagnolet, le 3 août 2018

 

LETTRE OUVERTE

 

A nos collègues producteurs de colza,

Vous vous apprêtez à réaliser vos semis de colza dans les prochaines semaines et vous avez sans doute déjà choisi les variétés que vous allez semer. Parmi celles qui vous sont proposées par les fournisseurs figurent les variétés Clearfield qui, par mutagénèse et autres techniques complexes, ont été rendues tolérantes à l'imazamox. Elles peuvent donc être désherbées en post-levée avec cet herbicide. Cette technologie brevetée par BASF vous est présentée comme permettant de maîtriser le développement de certaines adventices, notamment géraniums, orobranche...

Avant vos semis, nous tenons à vous mettre en garde contre ces variétés de colza Clearfield (liste jointe[1]), notamment suite à l'arrêt du 25 juillet 2018 de la Cour de Justice Européenne. Cet arrêt vient confirmer que les organismes issus de mutagénèse sont bien des OGM. Ils ne peuvent échapper à la réglementation que s'ils ont été traditionnellement utilisés pour diverses applications et si leur sécurité est avérée depuis longtemps. Ce qui n'est pas le cas des colzas Clearfield qui doivent eux respecter la réglementation OGM européenne, donc être évalués et étiquetés OGM.

Si vous aviez décidé de semer une de ces variétés, vous sèmeriez des OGM et ceci même si votre fournisseur vous affirme qu'elles ont été obtenues par des techniques classiques. Nous vous conseillons donc d'opter pour une variété conventionnelle.

Utiliser des semences de colza Clearfield pourrait être grave de conséquences pour vous. Vous pourriez avoir plus de mal à valoriser votre récolte qui devra être étiquetée OGM. Une majorité de consommateurs refuse en effet les OGM et ils seront très vigilants pour leurs achats d'huile de colza alimentaire. Il en est de même pour les éleveurs, notamment ceux qui sont engagés dans un cahier des charges sans OGM, et qui refuseront d'acheter les tourteaux de colza issus de VrTH[2] pour l'alimentation de leurs animaux.

Autre conséquence : vous pourriez être juridiquement et financièrement responsable en cas de contamination avérée de cultures voisines ou de récoltes non OGM, ces mesures étant prévues par la réglementation sur les OGM. Or vous savez que les contaminations sont fréquentes avec les colzas, espèce ayant une part importante de fécondation croisée.

Par ailleurs, ces VrTH sont une mauvaise réponse sur le plan agronomique et ce pour deux raisons :

·         En Europe et dans le Monde, plus de 140 adventices de familles botaniques différentes sont déjà devenues résistantes à des herbicides « inhibiteurs de l'ALS » comme l'imazamox. L'usage de ce type de colza VrTH n'est à l'évidence pas une solution durable !

·         Vous ne pourrez plus détruire les repousses des colzas VrTH dans vos parcelles de céréales en utilisant les herbicides de cette famille des inhibiteurs de l'ALS,pourtant fréquemment employés sur blé, orge, etc...

Globalement au niveau de votre système de cultures, vous devrez probablement revenir à des applications plus nombreuses avec des produits souvent plus toxiques que les inhibiteurs de l'ALS.

L'usage de variétés rendues résistantes à des herbicides est donc une solution qui ne répond pas aux demandes sociétales de réduction de l'usage des herbicides. N'oubliez pas que certaines adventices sont devenues invasives du fait de rotations de culture trop courtes (seulement 2 ou 3 ans). Seules de bonnes pratiques agronomiques pourront permettre de revenir à un meilleur équilibre.

En espérant que ce courrier retiendra toute votre attention et que vous ne céderez pas aux sirènes des firmes dont l'objectif principal est de valoriser leurs brevets au détriment des agriculteurs qui en assurent les risques et les conséquences financières, veuillez recevoir nos sincères salutations.

 

Contacts :

Laurent Pinatel, Secrétaire national – Porte-parole : 06 80 58 97 22

Christine Riba, Secrétaire nationale : 06 07 02 25 42

Jacques Bonati, Juriste : 06 21 59 48 75


Crédits photos : Christophe Vuichard-Fotolia
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