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ACTIONS SYNDICALES
17.06.2014

36 - Démontage d'une salle de traite - Lettre au Ministre de l'Agricuture

17.06.2014 -

Démontage d'une salle de traite en protestation contre l'industrialisation de l'agriculture et le projet de ferme usine des 1000 vaches de la Somme

Monsieur le Ministre de l'Agriculture, Nous avons ce jour dans l'Indre, procédé au démontage d'une salle de traite d'un paysan contraint d'arrêter son élevage laitier en 2008 lors de la crise du lait. Les prix n'étaient plus assez rémunérateurs pour qu'il puisse vivre de cette activité. Nous vous faisons parvenir un morceau de son bien dont il n'a plus l'usage, pour vous signifier deux choses

D'abord, nous soutenons nos collègues qui ont démonté la salle de traite la ferme-usine de Monsieur Ramery dans la Somme le 28 mai dernier. Après des gardes à vue et une procédure judiciaire qui se poursuit, nous comprenons que nous ne sommes pas les bienvenus dans votre business plan de l'agriculture et que tous les moyens seront bons pour nous faire renoncer.

Ensuite, nous tenions à vous  rappeler les conséquences auxquelles vos choix vont exposer les paysans et le monde agricole dans son ensemble.

Nous sommes à un tournant : l'industrialisation de l'agriculture se fait de plus en plus pressante, et chaque année, sous couvert de modernisation, le nombre de paysans diminue. Désormais, nous n'avons plus le choix : soit nous laissons faire, actant de ce fait la disparition des paysans, soit nous controns ce mouvement pour faire vivre une agriculture créatrice d'emplois, de dynamique des territoires, respectueuse de son environnement et de la souveraineté alimentaire, l'agriculture paysanne pour laquelle nous nous battons.

La ferme-usine des 1000 vaches est le symbole de ce point de non-retour. Elle n'est pas unique en Europe, encore moins dans le monde, mais doit-on pour autant s'y résoudre ?

Aujourd'hui, vos discours et vos arbitrages politiques sont l'expression d'un choix. Vous parlez d'agro-écologie, d'emploi, mais surtout, sous prétexte d'une prétendue compétitivité, vous vantez la vocation exportatrice de la France, la balance commerciale comme ultime arbitre de vos actions. De fait, vous entérinez le modèle des fermes-usines comme celle des 1000 vaches.

Présentée comme un projet pilote par son promoteur Michel Ramery, cette ferme-usine fournirait du lait à bas prix grâce à des salariés précaires et à un méthaniseur géant subventionné. Nous sommes bien loin de la ferme qui produit du lait de qualité. Loin de la ferme partie prenante de son territoire. Loin de la ferme qui fait vivre des paysans que vous semblez défendre dans vos discours.

Monsieur le Ministre, ce modèle d'agriculture industrielle n'est compatible ni avec le modèle d'agro-écologie de qualité que vous promouvez ni avec celui de l'agriculture paysanne auquel nous croyons pour répondre aux enjeux actuels. Vous parviendrez toujours à garder quelques fermes-vitrines pour alimenter les dépliants touristiques, mais notre agriculture aura disparu. L'industrialisation ne peut se poursuivre que par l'élimination de l'agriculture à taille humaine. L'accaparement des terres agricoles, la dérégulation des marchés, la spécialisation, puis la disparition du savoir-faire paysan, l'élimination de la biodiversité dans la production comme dans l'environnement¡K quand il n'y aura plus de paysans, on ne pourra pas revenir en arrière.

Le nombre d'exploitations laitières en région Centre a diminué de 42 % entre 2000 et 2010 (données Agreste). Les fluctuations du prix du lait et notamment la crise de 2008-2009 sont pour beaucoup dans l'arrêt de l'élevage de vaches laitières. Avec une ferme-usine comme celle de M. Ramery et la concurrence déloyale occasionnée sur le prix du lait, c'est la disparition totale des fermes laitières qui risque d'arriver dans le département de l'Indre.

La situation est grave, en moyenne environ 25 usines de cette sorte par département pourraient suffire à fournir l'ensemble de la production laitière française. Dans l'Indre 5 de ces usines suffiraient à obtenir les volumes produits actuellement.

Si vous ne voulez pas que des milliers d'autres éleveurs se voient obliger de cesser leur activité, nous vous demandons de mettre purement et simplement fin au projet de l'usine des 1000 vaches dans la Somme.

Votre responsabilité, Monsieur le Ministre, c'est d'agir en faveur de l'agriculture. Si vous ne le faites pas, nous serons là, à nouveau.

Nous ne nous résignerons pas. Ni Michel Ramery, ni les intimidations policières et judiciaires orchestrées depuis le sommet de l'Etat ne parviendront à nous faire taire. Il est de notre responsabilité de nous battre pour le maintien de paysans nombreux sur le territoire. Nous, paysans, avons toute légitimité à agir puisque c'est de notre existence même qu'il s'agit. De notre existence, et du rôle que nous tenons dans la société.

En souhaitant que vous soyez à l'écoute de nos revendications, veuillez recevoir, Monsieur, l'expression de nos considérations distinguées.

Les co-portes-paroles de la Confédération Paysanne de l'Indre.

Nicolas Calame et Laurent Moreau.

 

Pour en savoir plus sur l'action : http://indre.confederationpaysanne.fr/

Pour en savoir plus sur le projet des 1000 vaches : www.enviedepaysans.fr


En téléchargement :

    Lettre au Ministre
    Tract 1000 vaches
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